Les voitures autonomes de Tesla : un avenir automobile 100% autonome est-il envisageable ?

Écrit par La rédaction le 18 novembre 2021

Quel avenir pour la voiture autonome de Tesla ?

Les voitures autonomes de Tesla : un avenir automobile 100% autonome est-il envisageable ?

Vraiment autonome la voiture « autonome » de Tesla ?

Avec le lancement du Full Self-Driving Capability (FSD), Tesla semble enfin promettre une « conduite entièrement autonome ». La réalité est pourtant tout autre, amenant même à douter de la sortie prochaine d’une voiture capable de rouler en totale autonomie.

La « conduite entièrement autonome » disponible par abonnement

Durant l’été, une annonce d’Elon Musk a fait grand bruit : le lancement d’un abonnement au Full Self-Driving Capability (FSD). Signifiant littéralement « capacité de conduite entièrement autonome », ce service permet d’étoffer les fonctionnalités du mode Autopilot, le pilotage automatique de Tesla. Uniquement disponible outre-Atlantique pour le moment, ce mode de conduite « autonome » devrait arriver en Europe dans les mois qui viennent selon toute vraisemblance. Pour s’y abonner, il suffira d’ailleurs de sélectionner l’option dans l’application Tesla ou via son compte client.

Sans l’ajout du FSD, le système permet à l’heure actuelle de maintenir la trajectoire, de freiner et d’accélérer automatiquement, notamment grâce à 8 caméras panoramiques, 12 capteurs à ultrasons et un radar avant. Avec le Full Self-Driving Capability en revanche, l’Autopilot se dote de nouvelles fonctionnalités autonomes, dont :

  • le maintien de cap Autosteer+, garantissant un maintien de voie sur des routes plus complexes et étroites ;
  • le changement de voie automatique ;
  • le stationnement autonome ;
  • la sortie auto intelligente, permettant au véhicule de rouler dans des parkings afin de venir à la rencontre du conducteur ;
  • la reconnaissance des feux de signalisation et des panneaux Stop.

Dessinant l’avenir de la voiture autonome et, plus globalement, de l’automobile, le système FSD a toutefois un coût non négligeable, dont le montant dépend principalement du mode de pilotage automatique dont dispose la Tesla.

  • Autopilot simple : avec le pilotage automatique de série, l’abonnement au Full Self-Driving Capability est facturé 199 $ par mois (environ 174 €).
  • Enhanced Autopilot : avec l’Autopilot amélioré en revanche, proposée en option pour 3 800 € en France, l’abonnement passe à « seulement » 99 $ par mois (86 €). De quoi lisser le coût d’entrée puisque l’achat comptant du FSD coûte 10 000 $ (7 500 € en France).

Une option moins autonome qu’il n’y paraît

Malgré les annonces de Tesla, l’appellation « capacité de conduite entièrement autonome » semble être pour le moins trompeuse. Bien que les fonctionnalités de l’Autopilot soient améliorées, le FSD permet uniquement de passer à un système de conduite autonome de niveau 2… sur un total de 5. Par conséquent, il s’agit davantage en réalité d’un mode de conduite semi-automatique, nécessitant la surveillance de l’automobiliste, aucunement capable de contrôler le véhicule de manière 100 % autonome.

Pour mieux comprendre les lacunes de Tesla et de son Full Self-Driving Capability, il est important de comprendre les 5 niveaux de conduite autonome existants, tels que définis historiquement par la Society of Automotive Engineers.

  • Niveau 1 – Conduite assistée : ce mode permet de gérer une partie de la conduite, telle que la vitesse par exemple, tandis que le conducteur gère les autres, à l’image de la trajectoire. Régulateur de vitesse, alerte au franchissement de file, freinage d’urgence automatique… autant de fonctionnalités qui illustrent ce niveau d’aide à la conduite.
  • Niveau 2 – Conduite semi-automatique : ce système d’assistance est en mesure d’exécuter simultanément plusieurs tâches, tel que le contrôle de la vitesse et de la trajectoire. En revanche, l’attention et la présence active du conducteur sont toujours requises, celui-ci devant notamment toujours avoir les mains sur le volant.
  • Niveau 3 – Conduite déléguée : à partir de ce niveau, l’automobiliste peut laisser le véhicule gérer entièrement certaines phases de conduite, notamment dans les embouteillages et sur autoroute. Le conducteur n’a ainsi plus besoin d’avoir les mains sur le volant et peut s’occuper d’autre chose, bien qu’il doive être en mesure de reprendre le contrôle à tout moment si le véhicule le lui intime.
  • Niveau 4 – Conduite automatisée : tout comme avec le niveau 3, le véhicule est en mesure de prendre en charge certaines phases de conduite (stationnement, bouchons, etc.) ou de rouler au sein de zones de circulation définies. En revanche, le conducteur n’a pas besoin d’être prêt à reprendre le volant. Il peut donc avoir n’importe quelle occupation, voire même dormir.
  • Niveau 5 – Conduite autonome : non seulement un tel véhicule n’a plus besoin de conducteur, mais il n’aura vraisemblablement pas même de volant. Garant d’une conduite 100 % autonome, ce système est en mesure de contrôler la voiture sans aucune intervention extérieure et dans n’importe quel type de circulation.

En étant seulement au niveau 2, le système FSD de Tesla semble être très loin des promesses annoncées d’une « conduite entièrement autonome ». Le chemin à réaliser semble d’ailleurs être d’autant plus long que, à l’heure actuelle, les véhicules autonomes de niveau 5 ne sont pas encore autorisés à circuler. Notons toutefois que la France vient d’autoriser la conduite de niveau 3 sur certaines portions de route à compter de septembre 2022, une grande première en Europe.

Une terminologie qui pose la question de la sécurité

Au-delà de la question éthique, l’appellation choisie par Tesla pose déjà un problème de sécurité. En parlant de « conduite entièrement autonome », le constructeur peut induire les automobilistes en erreur, ces derniers pensant réellement que le véhicule ne nécessite plus d’intervention humaine. La situation est d’autant plus problématique que Tesla a tout d’abord proposé à plusieurs milliers de conducteurs américains une version bêta du Full Self-Driving Capability, dans l’optique d’améliorer son fonctionnement. Loin d’être formés pour réagir correctement, contrairement aux pilotes professionnels du véhicule autonome Waymo de Google, les « testeurs » ont été nombreux à se retrouver dans des situations dangereuses.

Après une série d’accidents aux Etats-Unis, la National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA) a d’ailleurs ordonné l’ouverture d’une enquête préliminaire sur Tesla et son Autopilot en août dernier. Cette décision, prise par l’agence américaine chargée de la sécurité routière, vise à étudier le comportement de 765 000 véhicules, principalement les célèbres Tesla Model S et Tesla Model 3, soit presque tous les modèles vendus sur le sol de l’Oncle Sam depuis 2014. La NHTSA entend tout particulièrement déterminer la responsabilité du pilotage automatique dans 11 accidents, ayant causé le décès d’une personne et des blessures pour dix-sept autres, survenus depuis 2018. Rappelons toutefois que la NHTSA a déjà recensé 31 accidents impliquant l’Autopilot depuis 2016. Parmi eux, 25 mettaient directement en cause le système de conduite semi-autonome de Tesla et ont d’ailleurs fait pas moins de 10 morts (1).

Une conduite autonome loin d’être à la hauteur

En 2015, avant même tous ces déboires, Elon Musk annonçait que la voiture 100 % autonome serait disponible sous deux ans. En 2020, rebelote : le patron de Tesla déclarait cette fois que l’autonomie complète serait évidente avant la fin de l’année. Même son de cloche chez les concurrents d’ailleurs : en 2018, Waymo nouait un partenariat avec Fiat Chrysler Automobiles et Jaguar dans l’optique de lancer un service de taxis autonomes dans l’année même. Quelques années plus tard, force est de constater que les constructeurs sont toujours bloqués au niveau 2, et ce, malgré des investissements considérables. À mesure du retard accumulé, la date à laquelle la conduite autonome serait disponible ne cesse également de reculer. Alors que le cabinet Mckinsey estimait en 2016 que 15 % des véhicules commercialisés seraient intégralement autonome en 2030 (2), le secteur estime désormais que la technologie sera difficilement prête avant 10 ou même 15 ans.

Alors qu’il nous avait habitué à promettre des innovations toutes les deux semaines, notamment en ce qui concerne le FSD, Elon Musk a – une fois n’est pas coutume – reconnu les difficultés de la voiture autonome, déclarant durant l’été qu’il ne s’attendait pas à « ce que ce soit si dur, mais c’était évident avec le recul. (…) La conduite autonome généralisée est un problème » (3). Vous l’aurez certainement compris : il faudra encore attendre de (très) nombreuses années avant que des véhicules de niveau 5 ne soient opérationnels. Le constat est d’autant plus frappant que Consumer Reports considère que le système actuel de Tesla occasionne davantage de distraction et de confusion qu’il n’aide à la conduite, alors même qu’il est l’un des plus perfectionnés au monde. Il faut dire que l’association de consommateurs américaine a relevé de nombreux défaut sur l’Autopilot et le FSD (4).

Sources : 

(1) Tesla et son Autopilot visés par une enquête après une série de onze accidents aux Etats-Unis – Le Monde – 2021

(2) Automotive revolution – perspective towards 2030 – McKinsey&Company – 2016

(3) Tesla : Elon Musk reconnaît les difficultés de la voiture autonome – Automobile Propre – 2021

(4) Tesla’s ‘Full Self-Driving Capability’ Falls Short of Its Name – Consumer Reports – 2021

CE QU’IL FAUT RETENIR

    • Tesla propose désormais son Full Self-Driving Capability sous forme d’abonnement.
    • Le système FSD ne propose toutefois qu’une conduite autonome de niveau 2.
    • Un système 100 % autonome semble difficilement pouvoir être prêt avant 2030.
    • Une enquête sur l’Autopilot de Tesla a été ouverte aux Etats-Unis.

LE POINT DE VUE DE LAURIE

« Plus le temps passe, plus la voiture 100 % autonome nous parait loin. Les annonces à répétition d’une sortie prochaine semblent finalement avoir desservi la technologie, amenant même à se demander si elle sera réellement prête un jour. Le dernier accident en date (une Tesla a embouti une voiture de police à l’arrêt en septembre) n’invite d’ailleurs pas à l’optimiste. »

Partager ce comparatif