Peugeot 308 – Citroën C4 : deux philosophies de la compacte

Écrit par La rédaction le 10 octobre 2022

Elles ont beau être de la même famille, les familiales compactes de Peugeot et Citroën ne pourraient être plus différentes.

Peugeot 308 – Citroën C4 : deux philosophies de la compacte

Dans un monde automobile qui tend à s’uniformiser, deux modèles de la catégorie compacte s’affirment avec des philosophies très claires ne laissant que peu de place au compromis. Avec ces deux-là, au moins, on sait à quoi s’en tenir.

Le concept : chacun sa tradition

Inutile de rappeler que le SUV est le type de véhicule qui balaie actuellement tout sur son passage. Il eût donc été facile pour Citroën de surfer sur la vague, et de se présenter devant la clientèle des catégories « compactes » avec le énième SUV du marché. Sauf qu’on parle de Citroën, et que Citroën n’a jamais fait le énième quoi que ce soit. Comme toujours quand il est au mieux de sa forme, le constructeur a donc choisi sa propre voie. La Citroën C4 s’apparente plus à une voiture, mais ne respecte pas pour autant les codes de la compacte. Elle est par exemple perchée un peu plus haut que de coutume, sans pour autant sortir la carte crossover. Mélanger les genres, casser les codes, créer la surprise au premier regard : telle est l’une des traditions Citroën.

Puisqu’on parle de tradition, celle de Peugeot est la sportivité. La nouvelle Peugeot 308 ne déroge pas à cette tradition, en proposant une expérience de conduite qui met les sensations au centre de ses priorités. Sentiment de légèreté, feeling dans le volant, ambiance à bord, et surtout look délicieusement agressif, la Peugeot annonce la couleur. Le tout est de ne pas trop annoncer, au risque, peut-être, de décevoir.

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Le concept
Mélange des genres versus sportivité.

Le design : séduction ou originalité ?

Nous avons beau être fans de Citroën et aimer sa traditionnelle audace stylistique, avouons qu’à la publication des premières images de la C4 courant 2020, quelques mois avant son lancement, nous avons eu un moment d’hésitation. Les designers n’étaient-ils pas allés un peu trop loin ? Possible, mais pas plus qu’avec n’importe laquelle des Citroën les plus emblématiques, qui n’ont pas toutes fait l’unanimité à leur naissance. Et il s’avère que cette Citroën C4 a le malheur de ne pas être très photogénique. Car elle gagne vraiment à être appréciée, une fois vue « en vrai ». Bien sûr, le télescopage des codes de la compacte classique et du crossover, ainsi que quelques détails de la partie arrière, donnent une voiture étonnante qui peut déstabiliser. Mais pour peu qu’on ait des goûts pas trop conservateurs, on finit par apprécier.

À sa façon, la nouvelle Peugeot 308 est elle aussi plutôt disruptive. Son design acéré, agressif, ne ressemble en rien à celui de la génération précédente, ni à quoi que ce soit d’autre sur le marché actuel. Peugeot a fait table rase du passé, d’autant que la 308 sera la même, qu’on la choisisse électrifiée ou non. Son design exprime donc à la fois le parti pris de la sportivité et de la beauté ravageuse, ainsi que le passage de relais entre « la voiture de papa » et l’ère de l’électricité. De fait, tout est là : la face assertive, la ligne dynamique, la poupe musclée, et des détails, comme les feux arrière par exemple, qui ont quelque chose de futuriste.

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À bord
Alors que la Peugeot offre une véritable expérience visuelle, la Citroën mise sur un écran de dimensions très compactes.

La vie à bord : reflets de personnalités

L’habitacle de la C4, c’est du typiquement Citroën, entre références au passé et choix à contre-courant des tendances actuelles. Côté références, on pense au volant, dont l’épaisse branche inférieure nous rappelle les volants monobranche des DS, CX et autres XM par exemple. Il y a la commande de boîte auto, qui se résume à un « bouton tirette », astuce reprise depuis par nombre de modèles des marques sœurs DS, Peugeot et Opel. Pour ce qui est à contre-courant, on se tourne vers le tableau de bord numérique. Alors que le marché mise en général sur des écrans de plus en plus grands, celui de la C4 est de dimensions très compactes, mais suffisantes pour afficher tout le nécessaire, sans le superflu. C’est ça, la différence.

L’habitabilité de la Citroën C4 est tout à fait honorable. La banquette arrière pourra aisément accueillir 3 adultes, sans que personne se sente à l’étroit, ni au niveau de la tête, ni au niveau des genoux. En revanche, avouons une petite déception en ce qui concerne le coffre, du moins pour une voiture ayant des prétentions familiales.

Pour ce qui est des technologies embarquées, la C4 est pratiquement la jumelle de la Peugeot 308. Sécurité ou multimédia, elle propose tout ce dont on peut avoir envie ou besoin. Certes, la C4 ne brise ici aucune barrière, comme l’ont fait des Citroën du passé. Mais ce n’est pas là qu’elle prend un coup d’avance sur le plan technique, vous le lirez plus loin.

Et pour terminer, il y a la petite idée qui ne révolutionnera pas l’automobile, mais qui fait plaisir. Face au passager, en plus de la boîte à gants, il y a un tiroir de rangement suffisamment grand pour recevoir une tablette. Tablette que l’on pourra fixer au point d’ancrage escamotable. Ce n’est pas grand-chose, ça n’a rien de vital, mais c’est tellement bien pensé, et tellement « génération connectée » !

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L'habitabilité
À l'arrière, la C4 accueille facilement 3 adultes sans que personne ne se sente à l'étroit. La 308 a privilégié le style au détriment de l'habitabilité.

 

Cohérente avec son design extérieur, la Peugeot propose l’intérieur avant-gardiste que suggère son look. Voire même un peu plus… Entre le petit volant désormais typique de la marque, le tableau de bord numérique dont la position et l’affichage effet-3D sont tout sauf conventionnels, le design général de la planche de bord, et le double écran tactile au centre de la console, s’installer pour la première fois dans la nouvelle 308 est une véritable expérience visuelle. Ici, tout demandera cependant un petit temps d’adaptation aux conducteurs/-trices lambda. Exemple avec ce mini écran tactile situé sous l’écran principal, que l’on peut adapter à ses besoins au moyen de widgets, comme sur un smartphone. En fait, tout dans la Peugeot est fait pour vous emmener « ailleurs » plutôt que de rester dans un univers automobile familier.

Mais comme on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre, la quête de différence et de style de la 308 se paie quelque part : sur les côtés pratiques. Dans la française, l’ambiance est un peu « près du corps ». Le bon côté est que cela participe à la sensation sportive, mais cela ne va pas sans un espace relativement mesuré aux places arrière. Quant au coffre, son volume est dans la moyenne, mais la posture basse de la voiture n’est pas faite pour un chargement confortable. Autant de choses sur lesquelles il a fallu transiger… pour obtenir un design qui, même quelques mois après les débuts du modèle, continue à faire tourner les têtes.

Reste à dire, quitte à étonner ceux qui n’ont pas eu de contact avec la marque depuis longtemps, qu’en matière de qualité des matériaux, la Peugeot fait réellement jeu égal avec… la référence allemande de la catégorie. La marque de Sochaux a fait un bond en avant spectaculaire, et sans chauvinisme aucun, nous ne sommes pas loin de penser qu’elle a même pris l’ascendant.

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Le coffre
Le coffre de la Peugeot dans la moyenne, celui de la Citroën un peu décevant pour une voiture ayant des prétentions familiales.

Le gimmick : expression lumineuse

Si toutes les voitures respectent désormais l’obligation légale des feux de jour, toutes n’utilisent pas cet équipement pour rappeler qui elles sont. La Peugeot et la Citroën le font, de façon plus ou moins évidente. Sur la 308 par exemple, les deux feux de jour verticaux sont supposés évoquer des crocs de félin. Sur la C4, la signature lumineuse forme une pointe. Ou plutôt… un chevron.

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Le gimmick
Sur la 308, les feux de jour verticaux sont supposés évoquer des crocs de félin. Sur la C4, la signature lumineuse forme un chevron.

Les motorisations : électrification partielle ou totale

Franco-française dans l’âme, la Peugeot n’a pas encore renoncé au Diesel. L’offre destinée aux grands rouleurs est toutefois limitée à un seul moteur, développant 130 chevaux. Pour les utilisateurs moins intensifs, mais fidèles aux solutions classiques, le constructeur propose aussi deux moteurs essence de 110 ou 130 ch. L’un comme l’autre sont adaptés à tous les profils d’utilisation, le choix étant surtout une question de ce qu’on est prêt à payer en matière de taxes et d’assurance. Air du temps oblige, la 308 existe aussi en deux versions hybrides rechargeables, de 180 et 225 ch. Outre leur aspect énergétique, ce sont aussi les modèles qui reprennent le flambeau de la performance et du plaisir sportif. Car il faut se faire une raison, on ne trouvera pas les trois lettres magiques GTI sur la Peugeot. Mais on peut espérer en découvrir trois autres dans un avenir proche : PSE, pour Peugeot Sport Engineering. C’est comme cela que la marque baptise ses hybrides surpuissantes, comme la 508 PSE de 360 ch. Une motorisation qu’il serait étonnant de ne pas voir bientôt dans la 308.

La Citroën C4 repose sur une plateforme déjà bien rôdée par les marques de l’ex-branche PSA du groupe Stellantis. On la trouve en effet sous les Peugeot 208 et 2008, les Opel Corsa et Mokka, et le crossover DS 3 Crossback. La C4 partage donc aussi avec elles son catalogue mécanique, dans lequel il ne manque que des solutions hybrides. Tout le reste y est : essence 100 à 155 ch, pour ceux qui ne roulent pas trop et recherchent divers niveaux de performances ; Diesel 110 et 130 ch pour les dévoreurs de bitume ; et pour les plus « engagés », la désormais incontournable version 100% électrique. Dans l’ë-C4, le moteur 136 ch est alimenté par une batterie revendiquant 350 km d’autonomie selon la norme WLTP. Comptez plutôt autour de 300 dans la vraie vie. Cette version peut supporter les charges jusqu’à 100 kW, grâce à quoi elle récupère 10 km d’autonomie par minute sur borne rapide.

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Sur la route
Un royaume de sensations d'un côté, un confort supérieur de l'autre.

Le comportement routier : sport ou confort+

Parce que ce type de moteur n’est pas encore mort, nous avons tenu à essayer une version Diesel de la C4, ainsi bien sûr que la ë-C4, car nous ne sommes pas complètement rétrogrades. Dans un cas comme dans l’autre, la principale qualité qui ressort de façon magistrale, est – à nouveau – on ne peut plus Citroën. Et ici, la comparaison avec la Peugeot est un peu cruelle. Vous avez deviné : le confort. Et même un confort supérieur. Il est toujours bon de le répéter : c’est une prérogative qu’ont retrouvé toutes les Citroën actuelles, et qui font de chacune une référence en la matière. Des sièges dont la mousse est unique à la marque, à l’amortissement à double butée hydraulique progressive (une exclusivité Citroën), en passant par la douceur de la direction et l’insonorisation, à fortiori en version électrique, la C4 est un pur délice. C’est une caresse ouatée que cette voiture qui ondule sur les mauvais revêtements comme, osons le dire, les voitures d’une célèbre marque allemande étoilée. Ce qui ne signifie pas qu’elle tangue dans les virages comme un paquebot en pleine tempête… ou comme une grande Citroën de la grande époque. Mais il est clair que Citroën a fait un choix très assumé, et que la C4 n’a donc aucune prétention dynamique.

Petit volant, position d’assise basse, sièges enveloppants : tout dans la Peugeot 308 est pensé pour vous connecter à la voiture et à la route. Et nul besoin de rouler vite pour avoir l’impression qu’on vit quelque chose d’un peu spécial. C’est donc le royaume des sensations. Des sensations que recherche quiconque ressent un réel plaisir physique dans la conduite. N’en déduisez pas que la Peugeot ait quoi que ce soit de radical, loin de là. Elle est aussi docile et confortable au quotidien que doit obligatoirement l’être une voiture de cette catégorie. C’est juste qu’elle a en permanence une saveur particulière. Et il faut l’admettre, cette saveur n’a d’intérêt que si on la recherche. Ajoutons toutefois une nuance : si vous vivez avec le souvenir des Peugeot joueuses des années 1980, vous resterez sur votre faim. Aujourd’hui, la philosophie est aux voitures dont les 4 roues virent comme sur des rails.

Reezocar a adoré

  • Le look ravageur de la 308
  • La saveur sportive de sa conduite
  • Son ambiance intérieure
  • Le confort de référence dans le segment (et au-delà) de la C4
  • Sa qualité de finition
  • Son côté non consensuel

Reezocar a moins aimé

  • L’habitabilité arrière moyenne de la 308
  • Sa philosophie du « tout à l’écran »
  • Son comportement routier trop parfait
  • Le look de la C4 peut-être trop spécial pour certains
  • Son coffre tout juste dans la moyenne
  • L’accessibilité perfectible à ses places arrière

Conclusion

Finalement, difficile d’hésiter entre une Peugeot 308 et une Citroën C4, tant les deux voitures s’adressent à des profils différents. À chacun et chacune de savoir si le plus important est de se sentir attiré vers la route, ou de s’en sentir isolé.

 

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