Abandon du diesel pour l’essence : n’allons pas trop vite !

Écrit par La rédaction le 26 août 2019
Abandon du diesel pour l’essence : n’allons pas trop vite  !

Le diesel n’a plus la cote. Le parc automobile français, composé il y a encore quelques années d’une majorité de véhicules à motorisations diesel, tend vers un rééquilibrage des forces au profit de l’essence.

Dans le viseur, des causes plus ou moins fondées qui mènent à une politique fiscale et commerciale devenant menaçante pour le sort du diesel. Des scandales sur le gasoil provenant de l’industrie automobile et des normes anti-pollution de plus en plus strictes créent petit à petit des incertitudes à la revente.

Les automobilistes se tournent alors logiquement vers des motorisations essence. S’il est inévitable que les voitures roulant au diesel se réinventent, de bonnes raisons font aussi croire que la fin du gasoil n’est pas aussi proche qu’elle n’y parait.

Diesel : un demi-siècle de soutien de l’Etat français

Interdire les grandes villes à tous les véhicules diesel à court ou moyen terme. Voilà l’objectif affiché par certains partis politiques, chacun y allant de son lot de phrases chocs. Au final, particuliers comme professionnels de l’automobile ne savent plus quoi penser de ce fameux diesel. Le mazout, comme on l’appelle communément, représente encore aujourd’hui environ 70% du parc automobile français. La France est actuellement l’un des pays les plus consommateurs de diesel. Les gouvernements qui se sont succédés depuis une cinquantaine d’années l’y ont encouragée.

Retour dans le passé : après la seconde guerre mondiale, seuls les tracteurs agricoles et les camions circulaient au diesel… Conséquence : c’était l’un des carburants les moins taxés ! C’est à la fin des années 1970 que le développement du diesel en France s’intensifie. Avec l’essor des centrales nucléaires, les français se chauffent désormais majoritairement à l’électrique en dépit du fioul. Les raffineurs ont alors entre leur main des excédents importants de fioul, qu’ils peuvent facilement transformer en diesel.

Rapidement, les constructeurs profitent de cet essor pour produire un maximum d’automobiles pouvant rouler au diesel. De leur côté, les automobilistes choisissent majoritairement des véhicules gasoil pour bénéficier d’un meilleur prix à la pompe. Viennent ensuite les arguments commerciaux consistant à sensibiliser les automobiles : les véhicules diesel consomment moins que leurs homologues essence.

Au milieu des années 1980, la France n’arrive plus à produire autant de carburant que le pays en demande. Il faut désormais l’importer car nous en sommes dépendants. Dans les années 1990, le prix commence à augmenter dans les stations-service. Alors que seulement 30% de nos voisins allemands roulent au diesel, ce carburant devient le bon choix des « gros rouleurs » dans l’hexagone. Grâce à lui, ils souhaitent rentabiliser leur véhicule plus rapidement. Puis les années passent, mais rien ne change…

2015 : le « dieselgate » selon Volkswagen

C’est peut-être une année qui restera dans les livres d’histoire. Nous sommes en septembre 2015. Une agence environnementale américaine dénonce le groupe Volkswagen qui triche sur les tests d’homologation de ses véhicules neufs. Dans les faits, il s’agit d’un logiciel présent dans la voiture permettant de minimiser les émissions polluantes lorsque le test est en cours. A sa sortie d’usine, ce module devient invisible et le véhicule polluerait plus de 10 fois plus. Volkswagen avoue cinq jours après la médiatisation. Trois moteurs sont concernés par l’un des plus gros scandales de l’histoire de l’automobile. Aux Etats-Unis, d’autres constructeurs comme Chrysler ou Fiat se retrouvent accusés des mêmes faits, se battant avec la justice depuis des années.

Ces affaires, violentes car internationales, ont petit à petit remis en cause l’avenir même des motorisations diesel dans notre quotidien. Elles ont permis de lever le voile sur une énergie qui, depuis des dizaines d’années, semblent échapper à certains contrôles ; souvent soutenue par des organisations puissantes, elles-mêmes composées de nombreux lobbies. Les yeux s’ouvrent, les avis divergent, les opinions changent. Le diesel devient alors l’ennemi numéro 1 et se vend moins, puisqu’il ne représente en 2017 plus que 45% des ventes de voitures neuves.

Le diesel est mort, vive le diesel !

Depuis quelques années, s’est ajoutée aux scandales des moteurs diesel une hausse significative des tarifs affichés à la pompe. Les prix se rapprochent petit à petit des sommets atteints par l’essence. Si l’on s’arrête à ces faits, certes avérés, tout pousse à dire que l’avenir du diesel est remis en question. Mais avec une telle proportion sur le marché français, il est plus raisonnable de dire que l’on se dirige vers une mutation du diesel plutôt que vers sa disparition. Les constructeurs automobiles sont les premiers à y croire, en pariant notamment sur leur pôle « recherche et développement ».

L’industrie automobile communique de plus en plus sur ses motorisations hybrides, voire électrique, mais n’en oublie pour autant le diesel, adulé il y a encore quelques années. La manne financière acquise chaque année par la vente de véhicules diesel poussent les constructeurs à le faire évoluer plutôt qu’à l’arrêter.

Au programme : émissions polluantes (CO2, NOX) en constante baisse grâce à de nouveaux systèmes de dépollution, communication poussée sur la consommation toujours inférieure sur un moteur diesel qu’un moteur essence, ou encore modèles haut de gamme qui troquent leurs motorisations essence pour… du diesel ! Le rééquilibrage du marché est en route avec des motorisations essence qui devraient se voir attribuer dans les mois et années à venir l’ensemble du marché des citadines. Cette catégorie de véhicules correspond souvent aux automobiles parcourant de petites distances. Mais pour les autres, et en attendant que l’électrique gagne en autonomie, le diesel reste la solution pour celles et ceux qui roulent beaucoup.

 

CE QU’IL FAUT RETENIR

  • Motorisation diesel : la fin d’un cycle
  • Conséquence des scandales automobiles
  • Essence pour les citadines… et le reste ?
  • Solution électrique pas encore aboutie
  • Le diesel reste adapté aux gros rouleurs

Le point de vue de Teddy

« Le rééquilibrage des carburants est en route. Fort à parier que d’ici quelques mois, autant de voitures rouleront au diesel qu’à l’essence en France. Si les constructeurs continuent à dépolluer le carburant diesel, sa consommation correspondra encore quelques années aux gros rouleurs. En attendant les nouvelles énergies, électriques par exemple… »

Partager cet article